Dans cet article, nous étudions trois livres qui parlent de Naples dans les années Cinquante : Il mare non bagna Napoli, publié par Anna Maria Ortese en 1953, Ferito a morte de Raffaele La Capria, publié en 1961 et Mistero napoletano. Vita e passione di una comunista negli anni della guerra fredda d’Ermanno Rea, publié en 1995. Partant de l’idée que ces trois livres forment, par leur dialogue, le roman pluriel d’une génération marquée par un lieu et une conjoncture historique – la Naples des années de la guerre froide – nous avons mis en évidence les liens qui unissent les textes, les façons dont ils s’éclairent l’un l’autre, les espoirs, les aspirations et les échecs qu’ils illustrent. Nous analysons enfin quelles hypothèses Ortese, La Capria et Rea avancent pour rendre compte de l’expérience qu’ils relatent. Nous commençons ce texte en montrant l’impératif présent dans les trois livres : à cette époque, quand on était un jeune intellectuel, on ne pouvait que quitter Naples. A la fin du parcours, nous constatons que ce désir de départ était le résultat d’une défaite, celle qui naissait de la perte des espérances politiques et sociales qui avaient pu être formulées dans l’immédiat après-guerre.