L'article, dans une première partie, fait émerger un certain nombre de différences avec les évangiles synoptiques. Dans une deuxième partie, il interprète de façon dialogique de la scénographie énonciative et de l'organisation compositionnelle, en s'intéressant moins à l'analyse de la structure en tant qu'elle rend compte de l'histoire qu'à l'activité configurante de narration et aux enjeux théologiques et philosophiques qui sous-tendent un certain nombre de choix, pour l'auteur comme pour son coénonciateur. L'ensemble de la mise en scène énonciative place Jésus au centre du processus interactionnel, le Christ allant au-devant d'événements, sinon voulus par lui, du moins assumés, et c'est en quoi la dramatisation de ce récit de la Passion dépasse le tragique en s'ouvrant sur une eschatologie de l'espérance – dans le même temps que le rôle de Judas se trouve relativisé. Dans une troisième partie, cette représentation originale de Jésus et de Judas est confrontée avec l'univers de la gnose, notamment l'Évangile de Judas.