Une révision de l'importante collection natoufienne du site de Mallaha (12 000-10 300 BP) a concerné tous les squelettes découverts depuis les années cinquante jusqu'à la dernière campagne. Le dénombrement des individus (N=102) et l'estimation de l'âge au décès forment la base d'une analyse paléodémographique qui n'a pas pour but de proposer une reconstitution du profil de mortalité des Natoufiens mais de détecter des anomalies et de discuter une sélection des inhumés à Mallaha. Les résultats obtenus permettent d'analyser le recrutement des défunts pour chacune des trois phases d'occupation (Natoufien ancien, récent et final) et de rejeter l'hypothèse courante d'une sous-représentation générale des adultes âgés et des sujets immatures dans les populations natoufiennes. À Mallaha, pour les trois phases d'occupation confondues, on ne peut pas confirmer de déficit des adultes âgés. Une sous-représentation globale de la population immature par rapport à la population adulte n'a été mise en évidence que pour la phase finale durant laquelle un fort processus d'érosion a endommagé la majorité des sépultures. En revanche, un important déficit des sujets de moins d'un an est constaté au Natoufien récent, phénomène de sélection rapproché d'autres changements dans les pratiques funéraires, à la même période: l'abandon de l'inhumation primaire ou double (majoritaire dans le Natoufien ancien et final) au profit de l'inhumation de nombreux sujets dans la même structure funéraire.