Violence symbolique et immigration : de la sélection dans le bâtiment - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2009

Violence symbolique et immigration : de la sélection dans le bâtiment

Résumé

En France, aucune légitimité représentative n'est admise envers des « corps intermédiaires » relevant de l'ethnicité ou de la race ou encore de la religion (De Rudder, Poiret, Vourc'h, 2000). Le fondement de la politique d'immigration française a longtemps été une forme de républicanisme assimilationniste, qui sollicite les immigrés pour qu'ils s'intègrent surtout via l'insertion sur le marché du travail et le traitement non discriminatoire de la part des institutions de la République (Réa, Tripier 2003 ; Guiraudon 2006). Le modèle républicain a fonctionné tant que l'emploi et la protection sociale étaient régulés par la convention keynésienne de plein emploi. L'irruption d'un chômage de masse a complètement déréglé la « machine à intégrer ». De plus, le rationnement de l'emploi (Salais R., Raynaud B., Bavarez N., 1986) a aiguisé la compétition entre les outsiders et pérennisé l'enclavement de certains d'entre eux à la périphérie des marchés internes, les immigrés au premier chef (Frickey 2004, Tripier 1991). L'intégration des travailleurs immigrés a longtemps été un produit joint de l'appel utilitariste à cette main d'œuvre par l'entremise de l'accès à un emploi. Mais les formes de régulation antérieures sont en mutation et il en résulte de nouvelles incertitudes qui ouvrent aux acteurs sociaux des espaces d'intervention en vue d'inventer de nouvelles formes de réponses aux risques de l'emploi et à la gestion d'une présence immigrée de plus en plus visible et médiatisée (Guiraudon, 2006).Il est tout de même intéressant de vérifier si le discours des acteurs du monde professionnel (entrepreneurs, syndicats, agences pour l'emploi spécialisées) est caractérisé par les mêmes références à l'égalité : les comportements économiques sont souvent porteurs de catégories d'action différentes et plus explicites.La société moderne est devenue une société salariale ; être intégré dans la division du travail est aujourd'hui disposer d'un emploi salarié et des droits attachés au statut salarial. Le cas du bâtiment nous apparaît intéressant à plusieurs titres. Ce secteur est traditionnellement ouvert à l'emploi de main d'œuvre immigrée, et généralement présenté par la branche comme un secteur d'insertion puisque en perpétuelle demande. Combien les catégorisations et les ciblages des acteurs, publics et privés, jouent dans le processus d'insertion professionnelle et au niveau de l'accès aux droits ? S'agit-il de catégories spécifiques tels que primo-arrivants, immigrés, jeunes issus de l'immigration etc. ou passe-t-on par la médiation de catégories générales d'action sur le marché de travail tels que les jeunes, les seniors, les femmes, les personnes peu qualifiées, les chômeurs ? A ce titre, l'intérêt est celui d'une analyse critique des catégorisations retenues par l'action collective, afin de mettre en évidence la mesure dans laquelle on explicite ou au contraire, on rend invisibles les populations en cause par le biais d'opérations de ciblage plus ou moins formelles.L'hypothèse est qu'il existe une sorte de dichotomie entre le discours des deux groupes d'acteurs (publics et privés/du secteur) et que l' « ethnicisation » des rapports professionnels soit bien visible dans le secteur productif considéré : le bâtiment.Ce secteur témoigne de l'intérêt à creuser l'intersection de rapports sociaux de race et de classe: ces dimensions s'entrecroisent lors de processus de sélection de la main d'œuvre, de formation de la main d'œuvre et d'évolution de carrière (Eymard-Duvernay, Marchal 1997). De quelle manière la sous-traitance, l'intérim et le travail non-déclaré influencent les processus d'insertion professionnelle et d'évolution de carrière des immigrés ? Combien et comment le système de préférences ethniques des entrepreneurs se transforme en « violence symbolique » et joue dans le processus de sélection de la main d'œuvre dans un secteur où l'importance des qualifications formelles (diplômes) est faible ? La contribution essayera de proposer quelques pistes de réflexion.

Domaines

Sociologie
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-00464846 , version 1 (18-03-2010)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00464846 , version 1

Citer

Annalisa Lendaro. Violence symbolique et immigration : de la sélection dans le bâtiment. 3ème Congrès de l'Association Française de Sociologie (AFS) : "Violence et Société", Apr 2009, Paris, France. ⟨halshs-00464846⟩
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