Dans le contexte français où coexistent un chômage de masse durable et des difficultés de recrutement dans des secteurs d'activité tels que le BTP, traditionnellement ouverts à la main d'œuvre immigrée, et alors que le financement du système de protection sociale s'avère particulièrement difficile, l'intervention des pouvoirs publics est confrontée à de nouvelles interpellations, mettant en jeu son efficacité et sa légitimité. L'action publique menée au niveau local dans le domaine de la formation nous semble constituer une entrée propice à l'analyse des instruments censés œuvrer pour l'intégration socioprofessionnelle des immigrées. De plus en plus la formation professionnelle est considérée une des ressources-clé de l'action publique pour l'insertion des personnes en difficulté sur le marché du travail. Cependant en analysant les politiques publiques, si un lien fort connecte formation professionnelle et insertion/sécurisation de l'emploi, il est difficile d'identifier un lien direct entre formation et intégration des immigrés. Est-ce du à la spécificité française d'une formalisation politique ignorant les catégorisations ethniques ou liés à la nationalité, ou bien s'agit-il d'une vision de l'immigré comme main d'œuvre non qualifiée répondant à des besoins du secteur où la qualification n'est pas un facteur déterminant ? Le cas du bâtiment nous apparaît intéressant à plusieurs titres et en particulier, nous essayerons de mettre en évidence quelles sont les modalités de construction des problèmes (problem setting), de définition des catégories, d'utilisation de « frames cognitifs », d'un coté de l'action publique et de l'autre des acteurs privés (Fédération du bâtiment, patronat, organismes de branche).