« No hay bien que por mal no venga », cet aphorisme un peu tortueux, résume l'esprit de cette fête qui reste transgressive dans la mesure où elle met en scène le profane, les chevaliers errants de l'amour courtois, où elle théâtralise l'invisible, les péchés capitaux, la lascivité de certains arts jugés dégradants pour leur faire dire, par le truchement d'un métatexte, c'est-à-dire pour faire dire à ce qui symbolise la perdition morale, l'existence de la pureté de la Vierge. Cette fête organise le désordre moral et s'appuie sur lui dans une fiction spectaculaire qui vise à démontrer la pureté mariale. Cette construction festive s'inscrit dans une finalité de propagande qui est beaucoup plus générale. En effet, à propos des « relaciones de sucesos » publiées au XVIIe et qui annonçaient la victoire des Habsbourg sur les infidèles, particulièrement sur les Turcs, j'écrivais il y a quelques années que ces textes de propagande faisaient apparaître l'univers comme « un livre d'images aux formes et aux contenus divers. Les images pleurent, les images bougent, le ciel est un théâtre sur la scène duquel Dieu fait s'affronter des symboles qui prédisent la victoire de l'"aigle"» . Ce sont des symboles similaires qui démontrent dans ce spectacle de rue la victoire de l'Immaculée Conception, mettant ainsi face à face l'impur et le sacré au point de les associer, afin, transgression suprême, de faire de l'un le vecteur de la victoire de l'autre puisque la représentation de l'impur affiche sa reconnaissance du Mystère dont il faut démontrer la vérité.