Cet article analyse la complémentarité du factuel et du fictionnel en suivant la trajectoire du personnage historique de Jeanne la Folle vue par deux auteurs Manuel Tamayo y Baus dont la pièce La locura de amor inspira le film de Vicente Aranda. Un rapide panorama diachronique de la vie de la reine de Castille précédera cette étude. Nous nous intéresserons ensuite aux fictions, celle de Tamayo puis celle d'Aranda afin de délimiter l'apport fictionnel voire idéologique de l'un et de l'autre. Nous verrons que le personnage de Jeanne est le résultat d'une création à un double niveau, codifié par un discours manipulateur tenu à son époque et intégré dans des fictions historiques, qui développent une finalité différente, mais soutiennent toutes deux l'image "démythifiante, démystifiante" de Jeanne. Sanctifiée par un courant post-romantique, chez Tamayo y Baus, et dépeinte en femme fusionnelle et paradoxale, rebelle et soumise, chez Vicente Aranda .