Ce texte marque le choix de construire une approche énonciative des phénomènes narratifs, qui tente de dépasser la doxa narratologique genettienne, en soumettant chaque concept au doute méthodique de l'énonciation... L'article balise un parcours au cœur des différentes modalités linguistiques du point de vue (PDV), qui ont toutes en commun de relever d'une problématique dialogique (hétéro- ou auto-dialogisme), les différents PDV renvoyant à des régimes discursifs variés d'expression de la subjectivité, en " je " ou en " il ". Ce parcours énonciatif permet de prendre ses distances avec un certain nombre de représentations dominantes des focalisations et de réfuter des thèses ontologisantes de la vision par essence limitée du personnage, qui a pour corollaire celle d'une omniscience par principe du narrateur, alors que les perspectives narratives sont toujours la manifestation des relations (autrement dit des interactions, autrement dit du dialogue) que le narrateur entretient avec les personnages, la diégèse, la narration - ainsi qu'avec l'Histoire, en l'occurrence, dans le cadre du roman historique auquel cet article emprunte la plupart des exemples. Dans un troisième temps, le texte esquisse, sur la base de cette approche énonciative du PDV, les grandes lignes d'une conception alternative de la narratologie comme énonciation en acte, qui (entre)ouvre la voie aux interactions entre le récit et son lecteur.