Dans cet article, les auteurs s'attachent à mettre en perspective une grille critique rendant possible l'appréhension, dans leur pleine et entière positivité, des technologies intellectuelles et culturelles en émergence. Ils montrent que nous nous trouvons dans une bataille majeure qui concerne l'économie politique jusque dans ses socles anthropologiques. Selon eux, cela justifie pleinement l'attention que nous portons à l'évolution de la créativité et de l'innovation dans le domaine des technologies intellectuelles et en particulier de l'automatisation de tâches intellectuelles essentielles telles que le filtrage, la classification, la recherche ou l'indexation. Il en est de même de l'évolution de nouveaux dispositifs opérant dans le domaine – par exemple – de la production, reproduction et dissémination des images, sans oublier la prolifération des sons. Dans le cadre de nouvelles économies politiques des savoirs, cette approche exhibe les principales relations qui sont nouées entre les langages émergeants, la question stratégique des interfaces, le creusement des rapports entre images, textes et sons, ainsi que la prolifération logicielle. Comprendre les principales transformations du procès de travail, les effets de la plasticité numérique, élucider les diverses manières dont les changements d'échelle affectent la dimension pragmatique au cœur des agencements collectifs, comment les technologies issues du web sémantique et sociosémantique la transforment, sont, pour les auteurs, des critiques parmi les plus importantes aujourd'hui. Enfin, les auteurs soulèvent en ouverture de recherche la question politique du devenir stratégique des intelligences.