L'épopée, un genre sans pureté
Résumé
En prenant appui sur les œuvres de Neruda, d'Akhmatova, de Césaire et de Hikmet, cer article montre que, contre l'idée de « poésie pure », l'épopée est une « autre voix » de la modernité poétique. Contre le divorce du mot et de la chose, contre le retrait du poète dans une tour d'ivoire, contre l'autonomie du signe et du poétique, elle affirme le lien indéfectible du monde et du poème, la possibilité de dire le réel dans toute sa diversité, dans ses aspects les plus concrets et les plus rugueux. La « poésie sans pureté » - expression de Neruda - trouve, dans le geste même qui ouvre son champ à la forte présence du politique, l'antidote contre la réduction à l'engagement immédiat et au monologisme qui pourrait en résulter. Car le principe d'impureté est aussi principe d'hybridation, d'accueil de voix multiples. Surtout, la présence du monde concret, l'ancrage dans le détail, le singulier, est une résistance efficace à l'idéalisme révolutionnaire et à l'abstraction conceptuelle
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