La complexité de l'acte d'écriture est intimement liée à la complexité des temporalités dans lesquelles s'inscrit cet acte. Il s'agit en effet d'un processus relevant de plusieurs dynamiques situées chacune dans une temporalité qui lui est propre et dont le repérage est inégalement accessible à l'observation. En tant qu'activité cognitivo-langagière, l'écriture sollicite des opérations de niveaux différents qui, tout en étant étroitement corrélées entre elles, s'inscrivent dans des temporalités de grains différents décelables par des indices issus de l'observation du scripteur. En tant que production de texte, l'écriture se manifeste par la transformation continue rétroactive ou proactive d'un énoncé dont chaque mutation, même locale, modifie l'équilibre global. En tant qu'acte de création verbale, l'écriture s'enracine dans des expériences langagières dont les bornes antérieures échappent à l'enquête Le propos de cette intervention est d'explorer la manière dont le tuilage entre ces différentes strates temporelles peut être pris en compte dans les analyses de l'acte d'écriture. En cela cette intervention s'inscrit dans une approche de l'écriture qui l'envisage sous l'angle du traitement singulier par le scripteur d'un ensemble de contraintes antagonistes, la temporalité étant une des dimensions qui caractérisent le jeu de ces contraintes.