L'autisme, trouble envahissant du développement (DSM IV, CIM 10) qui apparaît dans la petite enfance, altère les capacités langagières de l'enfant et ce, avant trois ans (Houzel, 2005) ; les premières formes de communication (les gestes, les mimiques, les vocalisations puis les premières verbalisations) se trouvent donc quantitativement et qualitativement troublées (Ricks & Wing, 1975 ; Sheinkopf et al., 2000). Notre propos est de montrer que dans le développement autistique, des hypothèses liées à la mise en place de la multimodalité peuvent aider à comprendre les difficultés précoces de ces enfants à communiquer. L'étude, qui s'appuie sur l'analyse de films familiaux antérieurs au diagnostic (avant trois ans) se fonde donc, d'une part, sur ce qu'un enfant autiste met en place dans la communication et, d'autre part, sur la discordance entre son développement et celui d'enfants tout-venant. Nous verrons que les difficultés de l'enfant autiste observé se situent au niveau de l'articulation des différents éléments constitutifs du langage. Ainsi, il n'est pas possible pour cet enfant d'articuler un ensemble de paramètres en même temps : au niveau vocal, une syllabation conforme s'accompagnera d'une atypie de la prosodie, et inversement, une prosodie " adaptée " s'accompagnera de syllabes non canoniques. Les difficultés d'articulation de l'enfant autiste se retrouvent également dans ses échanges avec l'adulte. Pour qu'il y ait interaction, plusieurs conditions doivent être réunies : il faut qu'il soit à l'initiative des échanges, qu'il n'ait à gérer qu'un seul objet d'attention à la fois et que l'adulte ne dirige pas l'interaction. Ces conditions propices et défavorables aux échanges soulignent donc que les difficultés d'articulation touchent tous les niveaux du développement communicatif de l'enfant autiste.