La pierre angulaire qui permet l'octroi de droits fonciers spécifiques aux communautés traditionnelles habitant les zones forestières d'Amazonie est la reconnaissance d'un lien spécifique entre ces communautés et leur environnement, dont elles tirent l'essentiel de leur subsistance. De cette relation particulière, émanent un certain nombre de "savoirs territoriaux" recouvrant les connaissances toponymiques, géographique ou encore celles sur l'usage des ressources naturelles. Ces savoirs sont normalement passés de générations en générations, mais les nouvelles générations sont de plus en plus enclines à moderniser leur mode de vie, ce qui peut perturber à terme ce processus de transmission et affecter en retour l'occupation du territoire. Dans ce contexte, on peut se demander quel est le futur des zones dévolues à ces populations " traditionnelles ", mais en rapide mutation, et en particulier comment le " savoir territorial " qui faisait leur originalité, se transmet entre les générations les plus anciennes et les plus jeunes. Telle est le fil d'Ariane du projet RUSTAM. Il s'est posé pour objectif d'analyser la manière dont les évolutions démographiques, éducatives ou sociales affectent les façons dutiliser ou de se représenter l'espace, tant chez les nouvelles générations que les plus anciennes. Afin de saisir les changements en cours, le parti a été adopté d'aborder ces aspects par le biais d'" ethnocartes ", construites par ces deux groupes. Le cas d'étude retenu a été celui de la communauté quilombola d'Abui, une petite zone de l'Amazonie forestière et fluviale attribuée récemment (2003) à un groupe descendant de noirs-marrons. Outre une réflexion théorique sur les relations entretenues entre géographie et anthropologie pour étudier les liens au territoire, ce rapport présente les bases de la méthodologie construite pour les besoins des projets RUSTAM et USART ainsi que les principaux résultats obtenus à l'issue de la campagne de terrain de juillet 2010.