Cet article tente de tisser quelques liens entre les notions de science, d'expertise et de décision démocratique en s'inscrivant ainsi dans la problématique développée par Weber (2003) lorsqu'il pose la question du sens de la science dans sa leçon " La profession et la vocation de savant ". Il y adopte la réponse donnée par Tolstoï : " Elle n'a pas de sens parce qu'elle ne peut répondre à la seule question qui importe pour nous, laquelle est de savoir ce que nous devons faire et comment nous devons vivre " (page 90). Sans avoir la prétention d'apporter la contradiction à la réponse de Tolstoï, notre ambition consiste à montrer qu'il a été possible, dans le cadre de l'évaluation de l'enseignement primaire genevois, d'apporter des informations relevant du champ scientifique aux acteurs sociaux en vue de les aider à déterminer des choix ou des pistes d'action pour mieux vivre l'école. Pour développer cette proposition, une première partie présente de manière synthétique les caractéristiques du nouveau fonctionnement de l'enseignement primaire. Dans un second temps, il est tenté de montrer que les valeurs qui guident l'action de l'évaluation ne peuvent pas être contradictoires avec celles de la réforme dont elle est censée évaluer la mise en œuvre. Dans une troisième partie, quelques éléments de justification de la dimension pluri et interdisciplinaire des méthodes d'investigation mobilisées et des analyses réalisées sont proposés. Enfin la quatrième partie sera consacrée à une analyse des relations qui s'installent entre savoirs produits par l'évaluation et savoirs pratiques des partenaires sociaux.