Cet article compare le travail de deux artistes contemporains pour qui l'éphémère est un moyen de penser le politique. Les deux sont camerounais. Le premier, Malam (1965-) vit en banlieue parisienne, le second, Hervé Yamguen (1971-), à Douala. Leur travail ne se ressemble en rien et les questions politiques qu'ils explorent sont fort différentes. Les deux artistes sont évoqués ici ensemble pour deux raisons : (1) car tous deux ont longuement expérimenté avec le temporaire, le transitoire, des formes et des matériaux qui se prêtent à la mutation, afin de questionner ce que cela peut vouloir dire d'être " africain " aujourd'hui ; (2) car, ce faisant, ils s'interdisent l'un et l'autre tout usage de classifications faciles ou de concepts ready made. Ensemble, l'œuvre de ces deux plasticiens constitue un rejet radical de notions préconçues concernant l'Afrique, que celles-ci soient issues d'Europe (voire d'Amérique du Nord) ou d'Afrique. Les jolis sentiments - imaginaires d'une Afrique en mal de soutien - comme la fierté facile - célébrations de la patrie, de la culture ou du lieu d'origine - sont évincés. Une ironie décapante sous-tend les deux œuvres, ainsi qu'un refus sans concessions de créer pour réussir dans le monde de l'art.