Depuis les années 1960, un nombre toujours croissant de publications rapporte les bienfaits psychique et/ou physiologique du contact avec certains animaux (notamment les chiens, les chats, les chevaux et les dauphins). Portées majoritairement par les disciplines du psychisme (psychiatrie, psychologie, psychothérapie), ces pratiques et/ou expériences de soin incluant l'animal sont l'objet de nombreuses controverses internes. Les effets sont-ils réels ? Par quels canaux passent-ils ? Sont-ils généralisables ? A quelles conditions ? Ainsi, s'est constitué un champ de recherche que nous avons étudié d'un double point de vue : (1) généalogique et bibliographique, à travers la mise sur pied d'un inventaire des connaissances disponibles sur la question principalement dans le monde anglophone ; (2) socio-anthropologique, à travers l'étude des praticiens et des promoteurs français de l'interaction avec l'animal à but thérapeutique. Le but de notre communication sera de présenter l'histoire de cette recherche et d'en tirer un bilan qui invite à la réflexion épistémologique. En effet, la complexité des contextes symboliques, émotionnels, institutionnels, sociaux, dans lesquels ces pratiques prennent place en fait un phénomène qui résiste particulièrement bien aux tentatives d'objectivation et remet en cause une certaine idée du " faire science. " Nous aurons à cœur de montrer qu'en voulant simplifier cette réalité, la recherche s'est trouvée peu capable de répondre à ses propres questions. Une donnée particulière retiendra notre attention : le refus de prendre en compte le sens explicitement donné par les humains à leurs rapports à l'animal (à travers notamment la dénonciation de l'anthropomorphisme, de l'effet placebo.)