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Communication dans un congrès Année : 2011

Tolérance religieuse et intolérance politique dans Henri VIII

Résumé

Ce roi tout à tour débonnaire et autoritaire, au profil dramatique insaisissable , nous est présenté par Shakespeare comme un animal politique qui impose au royaume une volonté autocratique et des méthodes de gouvernement s'appuyant sur une conception totalitaire du pouvoir dont nul ne peut impunément contester l'orthodoxie. Cette doctrine impériale, aussi éloignée de la mystique royale de Richard II que de la stature ambiguë et héroïque d'Henri V, s'énonce à la manière d'une vérité d'évidence et d'une exigence d'ordre diffusées par l'action efficace de nombreux relais d'opinion. Le mérite de la pièce d'un point de vue historique est de montrer qu'au XVIe siècle, en Angleterre comme dans le reste de l'Europe, la question de la tolérance (et de l'intolérance) se pose en des termes politiques bien plus que théologiques. Toute forme d'hétérodoxie religieuse suppose en effet un projet politique visant à renverser un prince et transformer la société. Henri VIII n'agit pas dans le drame selon des considérations morales ou religieuses. Sa préoccupation essentielle est d'assurer l'ordre public dans le royaume et la solidité de la dynastie à laquelle il appartient. Le zèle du monarque Tudor s'applique moins au salut des âmes de ses sujets qu'au maintien d'un ordre établi menacé de l'intérieur par des ambitions temporelles. La subordination du spirituel au temporel qu'illustre le drame prend la forme d'une croyance partagée par l'ensemble des personnages en vertu de laquelle l'orthodoxie et l'unité religieuses sont la condition de la cohésion et de la sécurité nationales. Bien que le roi soit disposé à admettre une certaine liberté de conscience annonciatrice d'une privatisation de la religion, il fait preuve d'une intransigeance sectaire s'agissant de toute atteinte à la doctrine absolutiste comme aux prérogatives monarchiques. L'opinion religieuse de ses conseillers ne lui importe en effet que dans la mesure où elle s'articule à une posture politique dont il évalue les risques pour son pouvoir. La tolérance religieuse en germe dans la culture humaniste procède ainsi d'un anthropocentrisme qui accorde une égale dignité aux réquisitions de la terre et du ciel et donne à la vie terrestre une précédence de fait. Ainsi que le suggère la pièce, il en résulte un scepticisme croissant en matière théologique auquel fait pendant un dogmatisme politique, le prix à payer pour l'acceptation de l'altérité religieuse à l'aube des Temps modernes étant la persécution de toute forme de dissidence politique ou idéologique.
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Dates et versions

halshs-00676269, version 1 (04-03-2012)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00676269 , version 1

Citer

Jean-Marc Chadelat. Tolérance religieuse et intolérance politique dans Henri VIII. Tolérance religieuse et intolérance politique dans Henri VIII, Mar 2011, Amiens, France. pp.39-49. ⟨halshs-00676269⟩
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Dernière date de mise à jour le 28/04/2024
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