Le concept de métabolisme urbain représente un nouvel indicateur de la " performance écologique " des villes et la question des déchets représente un enjeu stratégique dans le cadre de la réduction des émissions de pollutions urbaines. Néanmoins, s'ils sont considérés comme des flux sortants et polluants, consommateurs d'énergie, pour leur collecte et leur transport, et d'espace, pour leur traitement et leur disposition, les déchets alimentent aussi des circuits économiques diversifiés et participent à la production de la ville. Leur valeur croissante engendre une redéfinition de leur place dans le métabolisme urbain. Le système actuel de gestion des déchets à Buenos Aires se prête particulièrement bien à une réflexion sur cette double fonction. Originairement fondé sur une évacuation vers les décharges métropolitaines construites dans les années 1970, ce modèle de gestion fait aujourd'hui l'objet d'une crise de légitimité. L'apparition de nombreux récupérateurs informels a suivi de près l'émergence d'une conscience environnementale et a posé les bases d'une réflexion sur la possibilité de la valorisation des déchets. La saturation des sites de décharges et leur fermeture successive a engendré une reconfiguration des flux de déchets dans la métropole. Nous proposons de nous interroger sur la place des déchets dans le métabolisme urbain d'une ville en développement, en analysant premièrement comment les déchets sont intégrés aux travaux sur le métabolisme urbain, puis en considérant successivement les circuits et les territoires des flux entrants, des flux sortants et des espaces de stockage des déchets ménagers à Buenos Aires.