Par des vers insérés dans la continuation du Roman de la Rose (6732-6735), composée dans les années 1270, Jean de Meun célébrait Charles Ier. Il résumait sa carrière, mais c'est le poète qui s'exprimait manifestement avant de connaître le triomphe suprême de son héros : l'obtention de la couronne de Jérusalem, en 1277. Dans cette geste inachevée, la lente soumission de la ville basse de Marseille (12552-1263), celle de la puissante commune, prenait plus de relief. Quoi qu'il en soit, cette domestication fut un fait considérable. La victoire ne s'emportait pas seulement contre l'unique cité-Etat de Provence approchant la condition des grandes communes italiennes. Comme l'entendait Jean de Meun, il s'agissait d'un événement à la fois politique et moral. Dans toute la société provençale, un tournant de civilisation s'amorçait, au dépens des " libertés " propres au double système de la principauté féodale et du modèle communal. Or, peu d'années après, le 5 décembre 1288, le fils et héritier du " vaillanz rois ", Charles II (1285-1309), se présentait devant les Marseillais de la ville basse, assemblés dans le cimetière de Sainte-Marie-des-Accoules. Avec ses officiers, il leur jurait le strict respect de leurs " libertés et franchises ". L'oeuvre de Charles II se voyait-elle balayée ?