L'Afrique a une histoire. Une histoire, et c'est là une très bonne nouvelle, qui entre aujourd'hui dans les classes. Une histoire d'une telle richesse, d'une telle densité que nous avons dû, ici, nous limiter dans le temps et dans l'espace, sans renoncer à quelques exceptions. D'abord le temps. L'idée était bien d'étudier une Afrique "médiévale", mais le Moyen Âge est une notion si européocentrée qu'il nous a paru plus judicieux d'évoquer une Afrique "ancienne" encadrée par deux ruptures historiques : d'une part, le VIIIe siècle et l'arrivée des Arabes musulmans au nord et à l'est du continent ; d'autre part, le XVIe siècle et l'arrivée des navigateurs portugais sur les côtes atlantiques. On pourra nous reprocher d'avoir choisi ces balises en fonction de données extérieures à l'Afrique ; a contrario, cela montre que le continent africain est depuis toujours partie prenante des grandes phases de mondialisation qui ont scandé l'histoire de l'humanité. L'espace ensuite. Nous avons choisi de nous restreindre à l'Afrique subsaharienne et de ne pas intégrer à notre réflexion les empires musulmans qui tour à tour ont dominé l'Afrique du Nord, sinon dans leurs nombreuses interactions avec le sud du Sahara. Pour relever ce qui reste un défi - une histoire longue couvrant une bonne moitié de continent -, nous avons fait appel à deux historiens de l'Afrique, Jean-Pierre Chrétien et Pierre Boilley. Le premier est spécialiste de l'Afrique des Grands lacs, le second de l'Afrique de l'Ouest. Tous deux ont mis à contribution leurs très grandes compétences afin de mener à bien ce projet politique au meilleur sens du terme.