Dans une acception élargie aux sciences du langage, le propos est de montrer que certains linguistes de la première heure, souvent romanistes, sont des précurseurs dans les domaines les plus novateurs de la discipline. Si le " je pense donc de suis " de Descartes (1637) est explicite, l'expression " sujet parlant " de Saussure (1891), qui situe le sujet dans un corps, son corps à partir duquel il parle, fait référence au langage, support de la pensée humaine. Au plan physiologique, le corps est sensori-moteur et réflexe, il réagit de l'intérieur aux événements venus du monde extérieur : le sujet qui ressent exprime ses ressentis et sentiments, en parle, les écrit... Dans ce contexte, en rapport avec les précurseurs de la linguistique, nous développons deux points essentiels : le langage et la psychologie des émotions, en lien avec la conscience (James, 1884 & 1890) et le langage universel du corps lié aux émotions (Turchet, 2009 ; Damasio, 2010). En linguistique cognitive, il n'existe donc pas seulement un système abstrait et un " locuteur/auditeur idéal ", un sujet épistémique (Piaget, 1973) doté d'une compétence représentée : un tel modèle, bien que méthodologique à certains égards, ne peut rendre compte de la réalité des faits de langage.