Propositio in re
Résumé
Gauthier Burley maintient qu'il existe des propositions dont les termes sont des choses (et non des mots ou des concepts). Il ne faut pas en conclure pour autant que la proposition réelle 'cauda leonis est caput draconis' est elle-même une chimère. Il faut en effet distinguer entre une composition réelle (celle d'un animal) et une composition intellectuelle (celle d'une proposition). En d'autres termes, il y a deux compositions réalisées à partir des mêmes parties, mais selon un principe compositionnel différent (réel vs. intellectuel). Elles donnent lieu à deux entités non seulement numériquement, mais encore spécifiquement différentes : dans un cas, un animal composé (réellement) des choses que sont une queue de lion et une tête de dragon ; dans l'autre une proposition composée (intellectuellement) des choses que sont une queue de lion et une tête de dragon. La propositio in re flirte avec le paradoxe puisqu'elle semble être à la fois quelque chose d'extérieur (une composition de choses) et d'intérieur (une composition intellectuelle) ; par ailleurs, elle pointe précisément le lieu théorique où se concentrent les difficultés et les enjeux de la sémantique et de la noétique - l'explication du rapport de l'esprit au monde, qu'il s'agisse de perception, de connaissance, de signification ou de référence. La présente étude rassemble en un même lieu les textes dans lesquels apparaît la notion éponyme ou l'un de ses équivalents techniques. Ces textes ont été retenus en fonction de deux critères : i) ne pas être antérieur à la première formulation de la théorie de Burley (1301) ; ii) contenir soit l'expression 'propositio in re' (ou l'une de ses variantes immédiates), soit être manifestement basé sur l'une des formulations de la théorie de Burley.
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