Charles Bonnet et l'immortalité des vivants selon les Essais de théodicée
Résumé
La vocation philosophique du naturaliste Charles Bonnet (1720-1793) fut principalement suscitée par la lecture des Essais de théodicée, même si par la suite d'autres textes du corpus leibnizien l'ont aussi inspiré1. Toutefois, Bonnet s'est toujours défendu d'avoir reproduit les thèses leibniziennes dans ses propres ouvrages, voire même de les avoir adaptées à sa doctrine des vivants. Les recherches les plus récentes sur la philosophie naturelle de Leibniz, notamment sur sa théorie de l'organisme et des substances composées2, ont suscité l'interrogation sur l'influence que les concepts leibniziens ont pu exercer dans le développement des sciences de la vie. Bonnet intègre de fait concepts et modèles explicatifs leibniziens à une approche théorique significativement différente. À partir des Considérations sur les corps organisés (1762) et de La Contemplation de la nature (1765-1766), il multiplie les comparaisons entre ses propres vues et celles que Leibniz exposait dans les Essais de théodicée. Tel est tout particulièrement le cas lorsqu'il spécule, dans La Palingénésie philosophique (1769-1770), sur la transformation des vivants à la naissance et à la mort et sur la destinée des êtres corpusculaires mixtes après l'extinction des processus physiologiques. Quelles propositions de la Théodicée Bonnet exploite-t-il principalement ? Comment transforme-t-il les concepts leibniziens dans la mise en scène à laquelle il se livre, notamment dans la Palingénésie ? Un aspect majeur de l'héritage des Essais de théodicée ne se manifesterait-il pas ainsi dans le contexte du naturalisme des Lumières ?
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