L'" éthique des ingénieurs " fait l'objet de travaux de recherche et de publications dans le monde académique depuis les années 1980 aux Etats-Unis, tandis que l'existence de rhétoriques éthiques propres à cette profession remonte au début du XXème siècle. Les travaux académiques se sont développés d'abord principalement dans le champ de l'éthique professionnelle et de la philosophie1,9,4. Les premiers articles et ouvrages ont ainsi été le fruit de collaborations entre équipes de chercheurs de facultés d'ingénierie et de département de philosophie (souvent soutenues par la National Science Fondation)6,7,8. Ce n'est que récemment que l'éthique professionnelle des ingénieurs a été prise comme objet de recherche d'autres contrées : elle s'est alors trouvée traitées par des chercheurs issus de disciplines plus diverses comme l'attestent les premiers travaux collectifs européens où les sciences sociales sont bien représentées aux côtés de l'histoire, l'économie et des sciences politiques5. Si une façon d'appréhender l'éthique dans la profession des ingénieurs consiste à étudier les rhétoriques et analyser les enjeux de types philosophiques que soulève la pratique, il est également apparu essentiel de s'intéresser aux représentations que les acteurs eux-mêmes se font de l'éthique. L'analyse des opinions des 3900 ingénieurs diplômés des écoles d'ingénieurs du Nord de la France qui ont répondu à l'enquête " Ingénieurs sciences société " réalisée en 1999 a mis en évidence les liens entre les opinions relatifs à l'éthique professionnelle et les autres domaines des valeurs structurants les individus en général et pas seulement des membres d'une profession particulière3. Notre contribution à la réflexion sur l'éthique des ingénieurs s'inscrit à la charnière de la sociologie des professions et la sociologie des valeurs. Elle prolonge, en les approfondissant, les acquis de cette première étude. Son matériau est constitué d'une enquête originale comportant des questions de l'enquête de 1999, des questions empruntées aux enquêtes sur les " valeurs des français "2 ainsi que nombreuses autres portant sur l'identité professionnelle. Réalisée en mars 2011, elle a permis de rassembler les réponses de plus de 28 000 ingénieurs diplômés. Cette communication présentera des premiers résultats de l'analyse.