Mme de Staël, Benjamin Constant et les " philosophes du XVIIIe siècle " : un héritage contrarié
Résumé
Cet article analyse l'usage fait par G. de Staël et Benjamin Constant d'un syntagme, celui des " philosophes du XVIIIème siècle ", dans un contexte où la responsabilité des philosophes dans le déclenchement de la Révolution française est devenue un véritable topos. S'ils refusent de reprendre à leur compte la critique de Burke, Mme de Staël et B. Constant dessinent cependant progressivement les contours d'un nouveau modèle d'écrivain philosophe. Le " philosophe " du XVIIIème siècle devient un repoussoir après avoir été un modèle, le rapport au sentiment religieux et à l'esprit de sacrifice constituant un point de démarcation important. Certes, Mme de Staël et B. Constant louent la posture d'écrivains-philosophes s'adressant à l'opinion publique, mais c'est pour constater que les auteurs des Lumières ont fait cela sous une forme, irréligieuse et persifleuse, qui ne convient plus aux impératifs de leur époque. Cet article illustre la façon dont la figure du " philosophe " a connu, à cette époque, une redéfinition décisive, les auteurs étudiés rompant délibérément avec un certain héritage doctrinal, mais aussi politique, et même stylistique, de la philosophie du XVIIIème siècle.
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