La parole du fou dans le Jeu de la Feuillée
Résumé
Des fous du Moyen Âge, l'époque moderne a surtout retenu l'image du fou du roi, comme dans les tableaux de Jérome Bosch où le fou coiffé d'un bonnet à grelots grimace à côté de son souverain. Pourtant, les spécialistes de l'histoire de la folie ont bien montré que cette représentation ne correspondait pas à la réalité des XIIe et XIIIe siècles. Afin de mieux le percevoir, on peut prendre pour exemple le personnage du fou dans le Jeu de la Feuillée d'Adam de la Halle, pièce représentée à Arras en 1276. Il s'avère difficile de trouver le moindre point commun entre l'imagerie du fou du roi et le personnage mis en scène par le poète arrageois. C'est un forcené dont les troubles finissent par semer le chaos autour de lui dans la mesure où il maîtrise apparemment aussi peu sa parole que ses gestes, voire ses instincts. Il constitue donc au sein de la pièce un facteur de désordre par excellence, mais il finit paradoxalement par proposer un ordre d'une autre nature, délivrant une image distanciée, à la fois comique et tragique, de la société humaine.
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