Le lien entre les princes, le lien public et les reliques apparaît dans les textes dès le IVe siècle. Un survol est fait par l'auteur jusqu'aux Xe et XIe siècles où le rôle des reliques, qui sont fréquemment apportées aux assemblées de la paix de Dieu, est assimilé dans certains textes à la fonction royale du maintien de la paix et de la justice. Les récits évoqués dans cet article révèlent l'étroite liaison de l'action du prince, la possession des reliques et le bien commun. Cette association devient une évidence au plus tard au XIIe siècle, lorsque les acquisitions de reliques par les princes sont présentées explicitement comme des gains pour le peuple, le royaume, la patrie. Inversement, la perte des reliques est perçue dans certains discours comme un péril, une menace pour le pays. Cependant, dans la plupart des récits, le thème du "bien commun" n'est pas exprimé explicitement, car l'intérêt des reliques pour toute une communauté allait de soi depuis l'Antiquité tardive. Dès cette haute époque, la littérature hagiographique se sert d'un autre thème pour représenter le lien entre reliques et bien commun : dans le cas où le prince participe au portage ou à la réception solennelle des reliques. L'accumulation des reliques fait partie de la fonction princière et les reliques, au travers des discours et des cérémonies, constituent des instruments politiques parmi d'autres.