L'usage du concept de vulnérabilité remonte à une trentaine d'années. Concept polysémique, le rapport entre vulnérabilité et aléa donne la mesure d'un risque, la vulnérabilité constituant la clé d'entrée pour croiser durabilités environnementale et sociale en situation de choc systémique. En faisant émerger de manière critique la vulnérabilité sociale et écologique des populations et sociétés à un choc conjoncturel (aléa environnemental, climatique ou anthropique) ou paradigmatique (crise, ou changement brutal des conditions de fonctionnement d'un système), la notion de capacité de réponse, ou résilience, désigne dans ce cas le but à atteindre ou des processus, des politiques, qui le permettraient (Pigeon 2012). En terme de transition socio-écologique (Woloszyn & Faburel, 2010), l'utilisation du concept de résilience nous permet dès lors de passer d'une conception politique traditionnelle de la gestion des risques (aléatoires ou systémiques) par la gouvernementalité classique... à l'appréhension d'une situation de vulnérabilité territoriale remettant en question les segmentations (disciplinaires, sectorielles, instrumentales) et protections/proactions sociales traditionnelles (Hassner, 2005). C'est à la source de la conception capacitaire de la justice environnementale fondée sur la co-construction habitante des savoirs sur l'espace vécu que nous proposons de puiser (Faburel, 2013), en permettant de passer d'une vision traditionnelle de la résilience-état à une vision dynamique et multidimensionnelle de la résilience comme processus ou stratégie, opératrice d'engagements par les savoirs habitants et par la production de sens territorialisé.