L'autopromotion recherche une voie médiane entre un parc social, largement locatif, et une promotion immobilière privée, s'adressant principalement à des accédants à la propriété et à des petits propriétaires bailleurs. En effet, la production de logements en France est fortement tributaire d'un dualisme entre logique publique, sociale et logique immobilière privée (D'Orazio, 2012). Depuis la fin des années 1960, des initiatives citoyennes se structurent autour de dynamiques nouvelles d'expérimentations en matière de conception et de construction d'habitats (Bacqué, Vermeersch, 2007 ; Maury, 2012). Les expériences d'autopromotion, qui invitent l'implication habitante paradoxale, montrent que l'urbanisme ne produit pas forcément de démocratie. Les initiatives habitantes, qui débroussaillent de nouvelles façons de construire et d'habiter, constituent des innovations sociales tout en se réclamant d'une double légitimité : d'une part la normativité du développement durable et de l'autre l'utopie de l'économie sociale et solidaire, critique de la notion de propriété privée. L'innovation sociale est ici pensée comme une réponse à des besoins sociaux qui irrigue une plus-value sociale, une nouvelle solution à un problème social (Bouchard, 1999). Elle met en lumière une dimension aléatoire considérée comme le produit d'un " bricolage social ", d'un savoir fondé sur l'expérience et le tâtonnement, de l'aboutissement de l'inattendu (Bouchard et al., 2012). Ces initiatives innovantes dont les formes et les modalités sont diverses peuvent être regroupées sous le vocable d'habitat participatif (D'Orazio, 2012). Mais celui-ci cache des réalités disparates voire même antagoniques. En effet, certaines expérimentations sont portées par des habitants, à l'instar du projet H'Nord dans l'agglomération bordelaise... Mais d'autres initiatives, qui s'inscrivent dans des projets d'aménagement urbain durable plus ambitieux labellisés ÉcoQuartier, sont suscitées ou initiées par les pouvoirs publics locaux : ÉcoQuartier Adelshoffen de Schiltigheim, Quartiers innovants à Kaysersberg, ÉcoQuartier du Maharin à Anglet, ÉcoQuartier Champratel à Clermont Ferrand, ÉcoQuartier de la ville de Joinville en Haute Marne, etc. L'objet de cette communication est double. Tout d'abord, à partir du corpus ÉcoQuartiers 2011 du ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement et des premiers résultats du programme PAGODE, nous cherchons à montrer dans quelle mesure l'habitat coopératif ou autopromotion est une forme d'innovation participative, tendant à mettre en débat les savoirs profanes et à renouveler les approches des politiques sociales du logement. Dans un second temps, nous interrogeons le concept de propriété, remis en question par la copropriété au regard des réflexions récentes sur les dynamiques participatives et des tentatives d'évolution vers un nouveau paradigme d'une économie sociale et solidaire d'usage et non de propriété.