A l'instar de bien des travailleurs d'origine ouest-africaine, les marabouts se sont installés dès les années 1960 dans les quartiers populaires du nord et de l'est parisiens et dans les communes de la banlieue proche. Ils y ont cohabité avec des populations antérieurement implantées dans ces lieux, notamment celles venues de l'Afrique du Nord. Mais loin de se cantonner à ces "centralités immigrées", c'est une visibilité beaucoup plus large que les marabouts ont pu et su très tôt s'assurer. Leur insertion dans un cadre professionnel préexistant, celui des devins et guérisseurs, la dynamique de réseaux divers, une fine connaissance des carrefours urbains stratégiques utilisés pour capter la clientèle la plus large possible, l'usage de différents canaux de diffusion, y compris Internet, montrent combien leur présence s'est imposée bien au-delà d'un territoire urbain circonscrit. Ils ont ainsi contribué à façonner l'imaginaire des citadins et à leur dévoiler des aspects insoupçonnés de leur ville.