La théâtralité des fabliaux n'est plus à démontrer. Parce qu'ils offrent une large place à la parole et aux gestes de personnages, qu'ils reposent sur un nombre restreint d'actants, qu'ils respectent l'unité de temps et d'action, ces petits contes à rire en vers présentent d'indéniables aspects scéniques . Leurs thèmes sont par ailleurs hérités de traditions populaires et folkloriques léguées par le carnaval , temps du masque et de la mascarade. Il est d'autant plus singulier d'y voir si rarement les personnages se grimer, se travestir ou adapter leur tenue à un rôle donné, tels des acteurs . Alors que la ruse, l'artifice, la rouerie dominent ces textes, montrant la prédominance de la dissimulation et de la tromperie, du " déguisement " au sens figuré, peu de fabliaux évoquent des personnages cherchant à se rendre méconnaissables en modifiant leur voix ou leur apparence au moyen de vêtements ou de fards. Dans son acception première, le motif du déguisement s'avère ainsi fort peu représenté dans notre corpus , mais les textes qui l'utilisent le traitent toujours de manière originale, exploitant toutes ses potentialités dramatiques, littéraires ou symboliques. Si des constantes apparaissent entre ces différentes mises en scène, chaque auteur a teinté de sa spécificité le recours à ces situations engageant la question de la vérité, de l'illusion et de la subversion des valeurs.