Prologues à la théologie. La question du statut de la Théologie dans les Prologues des Commentaires des Sentences avant saint Thomas d'Aquin
Résumé
Au début du XIIIe siècle, l'enseignement de la théologie ne repose plus seulement sur la lecture de la Pagina sacra, tirée de la Bible, mais aussi sur le commentaire des Sentences de Pierre Lombard. Les prologues de ces commentaires sont l'occasion pour les futurs maîtres en théologie de réfléchir sur le statut noétique de cette discipline, sinon nouvelle, du moins renouvelée dans son mode d'enseignement. Son objet est-il le Christ en la totalité de son corps mystique (Robert Grosseteste, repris par les dominicains d'Oxford), ou simplement le donné de foi en tant qu'il devient intelligible (Bonaventure) ? Sa méthode peut-elle prétendre à la scientificité aristotélicienne (Etudes Rigaud) ? Qu'est-ce qui, dans l'âme humaine, fonde la possibilité d'une telle connaissance de Dieu ici-bas ? Ne reste-t-elle pas finalisée à celle des bienheureux (Albert le Grand) ? Dans le bouillonnement de la recherche des maîtres qui précèdent Thomas d'Aquin, sa théorie de la subalternation ne s'impose pas encore.