Penser la mort chez V. Jankélévitch - HAL Accéder directement au contenu
Chapitre d'ouvrage Année : 2012

Penser la mort chez V. Jankélévitch

Résumé

" On peut douter que le problème de la mort soit à proprement parler un problème philosophique " : ces premiers mots du livre La Mort, publié en 1966, interrogent l'essence même de la mort ainsi que son rapport problématique à la pensée. Spinoza lui-même trouvait que penser la mort était malsain et un peu pervers et que la sagesse n'est pas une méditation de la mort mais une méditation de la vie. Jusqu'à quel point peut-on penser la mort, ériger la mort en objet de pensée et surtout donner un sens à la mort ? Par ailleurs, le 8 juin 1985, Jankélévitch explique lors d'un entretien : " Je ne pense absolument jamais à la mort. Et au cas où vous y penseriez, je vous recommande de faire comme moi, d'écrire un livre sur la mort [...] d'en faire un problème [...] elle est le problème par excellence et même en un sens le seul ! ". Jusqu'à quel point cette pensée peut-elle éclairer les perspectives de 1966 ? La mort est pour ainsi dire le tout des choses ; de quelque sujet qu'on traite on traite de la mort. La mort se manifesterait comme l'élément résiduel de tout problème. L'article montre comment elle interroge le moi, qui croit pouvoir échapper à la mort, le moi qui considère lui-même sa propre mort avec effroi tandis que logiquement la mortalité définit l'humanité même. L'événement le plus prévisible est à l'échelle personnelle le moins préparé. Pour la naissance comme pour la mort, la notion de cas s'applique à l'ensemble des autres, mais je peux difficilement m'élever à l'échelle d'un cas, et pour appréhender ma naissance comme ma mort, " un abîme doit être franchi ". Comme l'explique Jacques Madaule, " Je sais que je mourrai, mais je ne le crois pas ". De fait, nous vivons et pensons la mort dans une tricherie permanente, appliquant la mort aux autres, sans être persuadés de la nôtre. La mort-propre est non sue. Comme l'explique Angelus Silesius, ce que je suis, je ne le sais pas, et ce que je sais, je ne le suis pas. Cela dit, comment une philosophie de la mort peut-elle être posée qui ne s'attarderait pas sur la mort-propre ? Comment alors la philosophie peut-elle laisser autant de place à la partialité, et ce, sans l'objectiver, au risque de la perdre ? L'article montre comment, pour Jankélévitch, moi, la deuxième personne, la tierce personne interrogent une pensée de la mort en-deçà de la mort, au moment de la mort, au-delà de la mort.

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Dates et versions

halshs-01018891, version 1 (06-07-2014)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01018891 , version 1

Citer

Patricia Verdeau. Penser la mort chez V. Jankélévitch. Penser avec Jankélévitch, Chronique sociale, pp.115-127, 2012, Savoir penser. ⟨halshs-01018891⟩
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Dernière date de mise à jour le 05/05/2024
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