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Chapitre d'ouvrage Année : 2010

Le monnayage royal et ses interactions avec les monnayages civiques : l'exemple du royaume attalide

Résumé

L'histoire monétaire a été fréquemment sollicitée dans le débat sur les relations entre pouvoir royal et cités à l'époque hellénistique. Qu'en est-il dans le royaume attalide ? On peut aborder cette question en distinguant trois catégories de cités, d'abord Pergame elle-même, ensuite les cités proches du royaume au IIIe siècle, enfin les cités intégrées au royaume après le traité d'Apamée, période où se met en place un nouveau système monétaire avec la frappe des cistophores. Pergame avait émis au IVe siècle un monnayage en argent, en bronze, plus exceptionnellement en or. Sous les premiers Attalides, un monnayage royal est émis dans la cité, composé d'abord de tétradrachmes de poids attique (les " philétaires ") et de monnaies de bronze. Le monnayage au nom de Pergame ne disparaît pas pour autant : un monnayage de bronze portant l'ethnique des Pergaméniens subsiste pendant toute la période attalide et circule parallèlement au monnayage de bronze au nom de Philétaire, ce qui témoigne d'un relatif respect par la dynastie de l'identité et des institutions de la cité. L'histoire du royaume attalide est marquée au cours du IIIe siècle par de brèves périodes d'expansion, suivies de replis. La chronologie des monnayages civiques n'est pas assez précisément établie pour permettre de faire le lien entre des émissions monétaires et des événements militaires ou diplomatiques. En revanche, on peut examiner dans la longue durée les numéraires frappés ou utilisés au sein des cités voisines de Pergame, cités de la vallée du Caïque, du golfe d'Adramyttion, d'Éolide. Ces cités ont émis essentiellement un monnayage de bronze, destiné aux petits paiements de la vie quotidienne. Pour les paiements plus importants, elles pouvaient utiliser les monnaies royales massivement frappées à l'époque d'Alexandre et des Diadoques, au premier rang desquelles les alexandres. Les philétaires se fondaient dans la masse de ces monnaies royales. Dans quelques cités proches de Pergame, les Séleucides ont frappé monnaie de manière ponctuelle, à l'occasion d'opérations militaires et de phases d'expansion. Le traité d'Apamée marque l'agrandissement durable du royaume attalide. Il coïncide à peu près avec l'inauguration d'un nouveau monnayage, les cistophores. L'instauration de ces monnaies de poids réduit par rapport à l'étalon attique correspond à la mise en place d'un système monétaire fermé. Les cistophores portent le début du nom de plusieurs cités du royaume. Que la frappe ait été centralisée ou non, des caractéristiques techniques indiquent que la décision émanait du pouvoir central. On peut examiner les autres numéraires émis parallèlement par les cités dans lesquelles ont été installés des ateliers de cistophores. Les cas d'Apamée de Phrygie, Adramyttion et Éphèse ont été choisis comme exemples. Alors que, dans les deux premières, l'instauration de la frappe de cistophores correspond à un développement de la frappe monétaire et de l'usage de la monnaie, le cas d'Éphèse est très différent. Cette cité a émis sous domination attalide des monnaies en argent et en or de poids attique, parallèlement aux cistophores. Dans certaines cités situées aux limites du royaume, des monnayages d'argent sont interprétés par certains comme illustrant le souci d'avoir des dénominations aisément convertibles avec les cistophores. C'est un sujet qui reste en grande partie à explorer. Enfin, pour les tétradrachmes à la couronne frappés par des cités d'Éolide et d'Ionie, on a renoncé à l'interprétation de M. Rostovtseff, selon laquelle elles résultaient d'une " entente cordiale " entre Attalides et Séleucides. Si le monnayage royal attalide a suivi, dans un premier temps, le modèle séleucide, plus tard le modèle lagide, la survivance des monnayages civiques et le maintien d'une grande diversité marquent une spécificité qui est peut-être celle de l'Asie Mineure occidentale.

Domaines

Histoire
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Dates et versions

halshs-01057820, version 1 (25-08-2014)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01057820 , version 1

Citer

Marie-Christine Marcellesi. Le monnayage royal et ses interactions avec les monnayages civiques : l'exemple du royaume attalide. I. Savalli-Lestrade et I. Cogitore. Des rois au Prince. Pratiques du pouvoir monarchique dans l'Orient hellénistique et romain (IVe siècle avant J.-C.-IIe siècle après J.-C.), Ellug, pp.193-206, 2010. ⟨halshs-01057820⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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