Le conflit syrien a de profondes conséquences sur la population palestinienne de Syrie. Jusqu'alors une des populations palestiniennes la moins discriminée par son Etat d'accueil, les Palestiniens jouissaient en Syrie d'un accès à l'éducation et au marché du travail sans entrave particulière. Le conflit qui a débuté en 2011 a rejeté les Palestiniens de Syrie à leur statut d'apatrides privés de protections et contraints, pour plus de 70 000 d'entre eux, à chercher asile dans un des pays frontaliers, à l'instar des Palestiniens suite à la chute du régime de Saddam Hussein en 2003. L'un des objectifs de cette présentation sera de d'analyser le traitement spécifique des Palestiniens de Syrie en l'inscrivant dans une réflexion plus globale sur la sélectivité des politiques migratoires des Etats de la région vis-à-vis des Palestiniens. Cette problématique pose plus largement la question du statut des réfugiés palestiniens qui cherchent asile dans un pays tiers, ce statut ayant de fortes incidences tant sur les modalités de leur installation dans leurs pays d'accueil que leur accès à la mobilité ou la protection est centrale. Ce mouvement de réfugiés, largement occulté par l'ampleur de la crise syrienne, pose pourtant de nombreuses questions quant au statut des réfugiés contraints à quitter leur pays de premier accueil pour chercher un nouvel asile an dehors de tout cadre de protection internationale, l'UNRWA ayant seulement une mission d'assistance. C'est ici la question des migrations secondaires des réfugiés qui est posée, qui s'inscrit dans une interrogation plus large sur les échelles de la mobilité et les circulations transfrontalières. Il s'agira donc de questionner l'articulation entre des formes de circulation sur le long terme et des exodes contraints liés à des conflits, comme la construction de réseaux transnationaux et translocaux et leur mobilisation en situation de crise. Cette communication s'appuiera sur mes recherches menées sur les circulation des réfugiés palestiniens et irakiens depuis le milieu des années 1990 ainsi que sur un terrain exploratoire menée en décembre 2013 au Liban dans le cadre de l'ANR MobGlob (CERI – Sciences Po) qui montrent les interrelations fortes entre migrations secondaires et les autres formes de migrations internationales des Palestiniens, comme leur effets à l'échelle locale au Liban.