Présentation d'une communication qui sera donnée à la journée d'études "fictions originelles" de l'association C Gide L'économie, en tant que discipline a toujours accordé de l'importance à la compréhension de son origine. Il s'en est même formé au cours du XXème une vision dominante, qui la présente comme une construction conceptuelle et qui culminerait dans ce qu'on appelle l'économie politique classique. Il s'agit cependant d'une vision paradoxale qui a nié tout rapport organique entre cette construction et la philosophie politique dont elle était pourtant issue ; et nous pointons surtout le « droit naturel moderne » au sens de Strauss [2008], car il a été la matrice de nos institutions. Ce paradoxe est souvent assumé pour des raisons d'épistémologie. On considère à l'instar de Schumpeter [1983] que même élaborés à l'intérieur d'un discours philosophique, les concepts de l'économie pourraient être abstraits de leur contexte : il y aurait une histoire autonome de « l'analyse économique ». Le droit naturel et les institutions financières Or il s'agit d'une erreur : en effet ce qui caractérise ce « droit naturel moderne » est son caractère rationnel. Cela veut dire que l'on cherche à convaincre un lecteur réputé rationnel – et donc à démontrer – des thèses qui alors apparaissent à la fois globales (« interdisciplinaires ») et contextuelles, déterminées par ce statut de discussion. Mais dans ce cas, il n'est pas possible d'abstraire une notion – le travail par exemple-sans en changer le sens et celui des propositions qu'elle illustre. La thèse que nous défendons est alors celle-là : qu'en procédant de la sorte on a occulté le sens du premier libéralisme économique – qu'on dira « whig » pour simplifier-en le coupant de son enjeu d'ordre institutionnel : précisément de la construction des Institutions financières. Et derrière cet enjeu c'est la question de la finalité du marché que nous voulons pointer, et au-delà l'idée d'intérêt général.