Depuis les années 1980, les sanctuaires musulmans ont fait l’objet d’une importante campagne de rénovation et de reconstruction sur l’ensemble du territoire jordanien. À partir des années 2000, ce processus s’est accompagné du développement du tourisme musulman. Dans le cadre de la promotion de ce tourisme, les mausolées sont présentés comme constitutifs du patrimoine islamique national. Des infrastructures et des aménagements touristiques ont été établis à leurs abords. Ces sites ont ainsi été intégrés à l’écriture d’une histoire islamique officielle. Ces investissements symboliques et matériels mettent en cause le rôle des notabilités religieuses locales ainsi que les pratiques mémorielles ou de culte des populations à l’encontre de ces sites. Cette présentation cherchera à montrer en quoi la mise en patrimoine des lieux saints en Jordanie génère des tensions et des concurrences entre les instances étatiques et les populations locales de deux villes du sud de la Jordanie (al-Mazar et Wadi Musa). Ces populations tentent de promouvoir, en creux des politiques officielles, leurs conceptions et leurs pratiques du patrimoine religieux local.