Cette communication porte sur l'approche quantitative de la vulnérabilité sociale chez les jeunes. La vulnérabilité est entendue ici comme une situation intermédiaire entre intégration sociale et désaffiliation, c'est-à-dire avant tout comme un processus de fragilisation dans un contexte d'effritement du système de protection sociale (Castel). Il s'agit à la fois d'un phénomène de groupe oú des catégories sont plus exposées que d'autres et d'un phénomène individuel s'inscrivant dans la trajectoire et non comme un état. Nous mobilisons ce concept en prenant en considération l'instabilité objective vécue en termes de franchissement d'étapes mais nous portons surtout notre attention sur l'incertitude subjective que cette période implique. L'analyse est menée à partir de l'exploitation de l'enquête Entrée dans la Vie Adulte (EVA) de l'INSEE. Un sixième de la population scolarisée en 1995 en 6ème ou SEGPA a été interrogée par la DEPP depuis l'entrée au collège jusqu'à l'insertion professionnelle, soit 17 830 jeunes. Une fois sortis du système scolaire, les individus sont interrogés tous les ans à partir de l'année 2005 par l'INSEE. Par rapport à d'autres enquêtes longitudinales, son intérêt est de traiter à la fois des phénomènes objectifs et subjectifs. Les premiers résultats montrent que les jeunes, qu'ils soient en emploi ou pas, vivent positivement le fait de résider chez leurs parents. Ce n'est qu'à partir de 2010, c'est-à-dire vers l'âge de 27 ans que la part des inquiets augmente et qu'une différence significative entre ceux qui sont en emploi et ceux qui sont sans emploi apparaît nettement. Ainsi, le sentiment de vulnérabilité n'est pas seulement lié à la capacité de décohabiter mais aussi aux attentes des jeunes en fonction de leur âge et de leurs projections dans l'avenir. Grâce à l'élaboration d'une classification ascendante hiérarchique, nous présenterons une typologie de quatre profils de jeunes interrogés en 2011 se déclarant en difficulté s'agissant du logement, des transports, des finances, de leur insertion professionnelle ou encore de leurs difficultés personnelles. A partir de cette typologie, nous monterons l'enchainement des séquences de trajectoires sur cinq ans conduisant les jeunes à appartenir à l'une ou l'autre des catégories mises en évidence.