Dès la fin du XIIème siècle, le culte chrétien s’installa avec les marchands et les mercenaires en différents points du Maghreb. Il se maintint pendant plusieurs siècles grâce aux libertés de culte accordées par les princes musulmans. Toute une vie religieuse s’animait avec ses oratoires, ses prêtres, ses chapelains mais aussi ses frères mendiants ou rédempteurs. Non seulement tous dépendaient en dernier ressort du Saint-Siège, par le truchement de hiérarchies diverses, mais encore le pape se devait de veiller sur tous les chrétiens sans distinction, y compris ceux qui demeuraient « aux confins du monde », « in mundi finibus » comme l’a écrit Innocent IV. Le pape avait autorité sur toutes les églises, dont celles des funduḳset des quartiers de soldats de Tunis ou Marrakech – ces chrétiens expatriés étant théoriquement soumis à deux autorités, celle laïque de leur nation et celle spirituelle de l’Église universelle. Ainsi les pontifes pouvaient intervenir dans la vie religieuse de ces fidèles et le firent ponctuellement notamment quand ces communautés lointaines faisaient appel directement à l’autorité du Saint-Siège en plus de consulter leurs évêques ou archevêques, ou lorsque l’éloignement géographique et les difficultés de communication étaient à l’origine d’une indépendance excessive des religieux installés dans cette partie du monde. Ce furent les papes eux-mêmes qui conservèrent sciemment les lettres témoignant de leur souci de ces chrétiens. Cette communication a pour objet d’examiner, à la lecture de ces lettres, de quelle manière le Saint-Siège exerça son autorité sur les chrétiens demeurant au Maghreb durant les XIIIème et XIVème siècles.