"Ut aperiamus secreta nostra amico, quaecumque in pectore habemus, et illius archana non ignoremus." L'(anti)-école du cloître ? Réflexions sur la théologie et l'éducation chez quelques cisterciens du XIIe siècle.
Résumé
Aelred de Rievaulx est bien connu pour son traité sur l'amitié spirituelle. Or celle-ci s'alimente principalement de la transmission des secrets concernant "les choses humaines et divines". Nous reconnaissons ici la définition cicéronienne de la philosophie. Bernard et les cisterciens ont d'ailleurs peu de considération pour la "theologia", terme latinisé par Abélard. Il s'agirait d'explorer, aux antipodes des modes plus doctes de transmission du savoir théologique dans les écoles, une manière propre aux cloîtres cisterciens de transmettre les secrets d'une contemplation personnalisée. Socrate ne considérait-il pas déjà qu'une amitié est requise pour pouvoir entamer le dialogue philosophique ? Aelred est celui qui thématise ce thème de l'amitié, mais l'investigation pourrait être poursuivie chez d'autres auteurs comme Bernard de Clairvaux, Isaac de l'Etoile, Guerric d'Igny.