Les travaux médicaux ou psychologiques sur le stress, parce qu’ils tendent à individualiser et à désocialiser les problèmes, semblent indifférents au genre. Pourtant, la plupart des études et recherches montrent que les femmes se plaignent globalement plus de stress (ou de différentes formes ou de mal-être psychologique au travail) que les hommes. Hommes et femmes n’exercent pas les mêmes métiers et cette ségrégation pourrait conditionner à la fois les façons de percevoir et de gérer les difficultés et le malaise et les conditions objectives auxquelles sont exposés les deux sexes dans le travail. On peut faire l’hypothèse que les métiers masculins se caractérisent par des formes de coping plus centrées sur l’action : modifier les sources de difficultés potentielles en amont, organiser les routines de coopération, s’opposer collectivement à des « autres » rendus responsables, vision plus physique de l’usure ou de la fatigue… A l’inverse dans les métiers féminins, le coping serait plus centré sur les émotions, les relations (cf. infirmières, assistantes sociales) : verbaliser son ressenti, éviter de se critiquer trop ouvertement, tolérer les différences ou déviances des collègues pour ne pas les stigmatiser, intérioriser les causes des difficultés, vision plus psychologique de la souffrance ou du stress. Cette hypothèse sera étayée par la rapide étude des formes de régulation des difficultés et du stress dans quatre métiers : trois fortement masculinisés (Policiers, conducteurs de bus et diplomates) et un féminisé (infirmières).