Dire d’une situation ou d’une difficulté qu’elle est socialement construite, c’est souligner tout ce que sa mise en forme spécifique doit au contexte culturel, socio-économique ou historique dans lequel elle est encastrée ; c’est expliquer en quoi les choses auraient pu être différentes dans un autre environnement, à une autre époque, dans un autre pays ou un autre milieu professionnel. Dans le cas des travailleurs retournant en emploi après un épisode de dépression ou de burn out, une démarche constructiviste conduit à poser un certain nombre de questions sur le interactions avec leurs proches et leurs collègues, à interroger un certain nombre d’évolutions sociales, pour une part imbriquées entre elles, qui donnent leur significations particulières aux difficultés rencontrées par les travailleurs qui s’y trouvent pris. La première grande évolution renvoie aux transformations des définitions et des frontières de la maladie mentale, le développement de préoccupations croissantes pour des états intermédiaires entre les troubles psychiatriques caractérisés et la santé mentale au sens large et la normalité. La seconde évolution renvoie aux transformations du monde du travail. Pourquoi le monde du travail contemporain produit-il plus de personne diagnostiquées comme dépressives, souffrant de stress, de burn out, de harcèlement moral ?