La céramique culinaire africaine a été diffusée dans tout le bassin méditerranéen sur une très longue période, de la fin du Ier s. apr. J.-C. à la fin du IVe s. apr. J.-C., voire au début du Ve s. apr. J.-C. Une telle commercialisation de masse laisse supposer une qualité supérieure de cette céramique, due très certainement à des capacités de résistance au feu (choc thermique) et de résistance aux nombreuses manipulations (choc mécanique), mais aussi sans doute à des conditions commerciales favorables. Par le biais d’analyses en laboratoire (mesure des températures de cuisson par dilatométrie associées à des analyses chimiques par fluorescence X), nous chercherons à connaître dans quelle mesure cette céramique a les qualités requises pour répondre à la fonction de céramique à feu. Pour l’étude de ces phénomènes, nous avons choisi, dans un premier temps, de nous pencher sur les productions de l’atelier de Sidi Khalifa (Pheradi Maius). Nous comparerons donc les pâtes et les températures de cuisson des céramiques culinaires à celles des sigillées ainsi qu’à celles du matériel d’enfournement (cazette) utilisé dans cet atelier. Ainsi, nous pourrons comprendre les propriétés de l’argile employée et le choix des techniques opérées par le potier. Puis, dans un deuxième temps, nous comparerons les propriétés des céramiques culinaires de Sidi Khalifa à celles d’autres céramiques culinaires provenant de différents sites de consommation. Dans une perspective plus large, cette étude vise à avoir une idée plus précise de l’organisation de l’artisanat dans les ateliers de céramiques de l’Afrique du Nord ou encore de la commercialisation et de la diffusion de ces produits.