La plupart des commentateurs de Philostrate ont, par force, abordé, la question de la place de l'architecture dans le recueil des Images sans toutefois lui avoir jamais consacré une étude autonome. Ce qui fait l'intérêt de cette question est que l'architecture est, dans le texte de Philostrate, présente à deux niveaux: elle est nettement mise en valeur dans la préface et donc dans le récit cadre des Images, puisque le rhéteur indique que les tableaux qu'il va décrire sont encastrés dans les murs d'une villa maritime située dans la baie de Naples, mais elle est aussi présente au sein des descriptions de tableaux, à travers l'évocation des éléments d'architecture qui figurent parfois au sein des différentes images évoquées par le rhéteur. Cette double architecture pose toutefois de nombreuses difficultés, dans la mesure où le cadre architectural de la galerie de tableaux ne sera plus jamais mentionné une fois passée la préface. Sans préjuger de l'existence ou non d'un ou plusieurs référents réels pour ce texte, le présent article tente de montrer comme l'élaboration d'une architecture imaginaire constitue peut-être l'un des enjeux de l'œuvre de Philostrate. L'hypothèse de lecture proposée ici prend notamment appui sur les liens étroits que les rhéteurs antiques percevaient entre la composition d'un discours et l'architecture d'une demeure ou la composition d'un décor peint. L'article aboutit à la conclusion suivant laquelle l'architecture des toiles d'araignées évoquées en II,28 peut être réinterprétée comme une métaphore de la composition du recueil et de l'architecture supposée de la villa napolitaine évoquée dans le récit-cadre des Images.