C’est encore du roman ça. Fonctions des citations schumanniennes dans Mademoiselle Else d’Arthur Schnitzler
Résumé
L’article s’interroge sur le rôle des fragments de la partition du Carnaval de Schumann insérés par Schnitzler dans
sa nouvelle Fraülein Else. L’étude montre l’insuffisance du procédé si l’on attend de lui qu’il fasse « apparaître » la
musique de la même façon qu’une reproduction, au milieu d’un livre, peut faire apparaître un tableau. La tentative
de Schnitzler a cependant des effets tout à fait intéressants. Elle défie le lecteur et stimule sa capacité
herméneutique par les infinies interprétations qu’elle provoque. Parmi ces possibles interprétations, l’article déplie
celle proposée par C. Coquio dans la lignée de Bataille, voyant dans ces citations musicales les indices
ambivalents d’une « hyperritualisation » de la « fable sacrificielle » mise en scène par Schnitzler et tout à la fois
déconstruite avec ironie. À cette interprétation pourrait être préférée une autre prenant appui sur les théories
freudiennes, ou une qui étendrait à la nouvelle l’exégèse de J. Chailley lisant le Carnaval à partir du roman de Jean
Paul, ou bien encore une autre élaborée à partir des conclusions du musicologue R. Stricker sur la « farce » du
Carnaval. Toutes ces interprétations sont possibles, mais aucune, en définitive, ne sature le sens de ces petits
fragments de musique intégrés au texte. Ces derniers agissent dans la nouvelle comme les « sphynxes » dans le
Carnaval de Schumann qui à la fois convoquent et repoussent toutes les tentatives d’interprétation.
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