Agencement et dégagement des voix dans Todesfuge et Sprachgitter. L’art de la fugue selon Paul Celan - HAL Accéder directement au contenu
Chapitre d'ouvrage Année : 2015

Agencement et dégagement des voix dans Todesfuge et Sprachgitter. L’art de la fugue selon Paul Celan

Résumé

Le trajet qu’accomplit Paul Celan de Todesfuge à Sprachgitter est significatif, tant en ce qui concerne la forme que dans le rapport au lyrisme. Tout en faisant de la fugue un outil pour mettre en question la lyrique traditionnelle et réaffirmer l’importance de la Dichtung en poésie, Celan ne cède pas au leurre constructiviste. Il dénonce au contraire cette illusion et va à l’encontre des fantasmes totalitaires qui ont pu lui être associés en écrivant, avec Todesfuge, ce qui s’apparente davantage à une « contre-fugue » qu’à un analogon poétique de fugue. Cette mise en question s’accentue dans Sprachgitter. Ce n’est que par la désorganisation radicale de la fugue et la perpétuation de ses entailles que celle-ci peut se révéler féconde, semble dire et manifester graphiquement la forme « écrite-séparée» de Engführung. Celan convoque ainsi la fugue pour ce qu’elle connote d’ordre, offrant à la poésie un modèle pour ordonner ce qui menace de sombrer dans le chaos, sans pour autant se laisser aveugler par une fascination pour l’ordre. La musique est convoquée à la fois comme une forme permettant de lutter contre l’informe, mais aussi à titre d’avertissement pour dénoncer le carcan de la symétrie et le leurre du nombre, c’est-à-dire comme le ferment d’une déforme offert à la poésie. C’est en ce sens qu’on pourrait dire que la musique, pour Celan, devient outil critique. Si la poésie de Celan est souvent appréhendée comme « une poésie de la douleur – et que c’est cela le lyrisme », comme le souligne Philippe Lacoue-Labarthe qui met en relation la poésie de Celan avec la lecture que fait Heidegger de la poésie de Hölderlin, Trakl et George dont les oeuvres sont traversées par le motif de la douleur et du déchirement, l’étude permet d’apporter quelques nuances. La forme séquentielle chez Celan ne se réduit pas à l’expression de la dislocation et de la mort, il est possible de voir dans cette « suite des fissures du mourir » (Blanchot) qui caractérisent Sprachgitter, une fonction fécondante.
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Dates et versions

halshs-01323320, version 1 (30-05-2016)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01323320 , version 1

Citer

Marik Froidefond. Agencement et dégagement des voix dans Todesfuge et Sprachgitter. L’art de la fugue selon Paul Celan. Hermann. Paul Celan, la poésie, la musique (sous la direction d'Antoine Bonnet et Frédéric Marteau), , 2015, 9782705690410. ⟨halshs-01323320⟩
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Dernière date de mise à jour le 05/05/2024
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