A la suite de la création des Archives de la Parole en 1911, Ferdinand Brunot, titulaire de la chaire d’histoire de la langue française à la Sorbonne, a entrepris de compléter les collections en constituant une collection d’enregistrements qui conserverait le témoignage des parlers de France. Il a conduit pour mener à bien ce projet deux missions (la poursuite de ce travail est interrompue par la guerre), la première dans les Ardennes avec Charles Bruneau, la seconde en 1913 en deux étapes, en Berry et en Limousin. A partir des publications de F. Brunot et des documents sonores, on se propose de montrer en quoi, dans la sélection des informations et la conduite de l’enquête, le recueil des données de la seconde mission se conforme à une représentation du français et des langues de France dont on s’efforce de suivre les fluctuations durant tout le XIXe siècle. On étudie la façon dont les conceptions qui ont guidé l’observation s’avèrent tributaires des modalités de l’introduction du comparatisme en France et des discussions qui ont eu lieu autour des caractères de l’identité nationale, en particulier après la guerre de 1870. On rappelle, à cette occasion selon quelles modalités l’Etat est amené à établir une politique scolaire pour promouvoir la connaissance de la langue nationale et la façon dont, en tant qu’auteur de manuels, F. Brunot y a apporté sa contribution.