L’âpreté de certains textes contemporains – l’âpreté, c’est-à-dire l’aspect râpeux, rugueux, irrégulier de certains textes, qui échappent au côté lisse du texte facilement ou vite consommable – exige du lecteur un effort constant. Et c’est de cet effort de lecture, de ce désir d’arriver au bout du texte, de ne pas refermer le livre par dépit ou par découragement, de ce désir de lier et de donner du sens à des œuvres qui ne se laissent pas saisir du premier coup d’œil dont je voudrai vous parler aujourd’hui. Comme je voudrai vous le montrer, avec une promenade dans quelques dramaturgies contemporaines (Novarina, Renaude, Lemahieu), les textes d’aujourd’hui proposent au lecteur d’inventer sa propre stratégie, d’inventer pour chaque œuvre un cheminement particulier. Il faut, pour le lecteur, retourner à une logique intuitive, faite de va-et-vient, d’hésitations, d’incompréhensions, voire d’erreurs de parcours.