Une étude haute résolution a été menée sur la séquence stratigraphique du bassin portuaire d’Ostie en Italie. Elle est issue de deux carottages de 12 m de profondeur autorisés par la Soprintendenza Archeologica di Ostia. Au total, dix-sept datations au radiocarbone viennent appuyer une reconstitution paléoenvironnementale et géoarchéologique. Cette chrono-stratigraphie intègre les trois étapes principales : le pré-portuaire, le portuaire et le post-portuaire. Le pré-portuaire se caractérise par un environnement fluvio-marin d’embouchure daté entre le IXe et le VIIIe s. av. J.-C. La base de la séquence portuaire se caractérise par un faciès argilo-limoneux gris foncé ; il s’agit d’un bassin calme en connexion avec le fleuve et la mer. Le remplissage débute au plus tôt au milieu du IVe s. av. J.-C. (360 av. J.-C.) et au plus tard à la fin du IIIe s. av. J.-C. (205 av. J.-C.). À cette époque, la profondeur du bassin atteignait 6 m sous le zéro marin biologique antique. C’est une profondeur très importante pour l’époque et qui implique que les navires de haute mer pouvaient accéder au bassin. Le taux de sédimentation est élevé : 2,6 cm/an. Le sommet de la séquence portuaire se caractérise par des sables jaunes apportés par les crues du Tibre. Le rôle protecteur du bassin diminue ainsi entre 165 av. J.-C. et 5 ap. J.-C. La profondeur n’est alors plus que de 2,5 m sous le zéro antique. Le taux de sédimentation ralentit à 0,8 cm par an. Le bassin perd alors sa fonction première dès le début de la période impériale car sa profondeur n’est plus que de 60 cm vers 45 av. J.-C./25 ap. J.-C. et 30 cm entre 80 et 230 ap. J.-C. Trois hiatus sont observés dans la stratigraphie : (h1) à -6 m, correspondant au creusement du bassin ; (h2) à -2,5 m correspondant probablement à un dragage ; (h3) à -0,50 m correspondant à une diminution du taux de sédimentation ou à l’entretien d’une structure liée à un changement de fonction de ce secteur.