La publication des catalogues de bibliothèques est un mouvement qui s’amplifie dans toute l’Europe au XVIIIe siècle. Les milieux lettrés en théorisent l’intérêt : l’utilité d’un catalogue imprimé relève de raisons bibliographiques (servir de guide pour s’orienter dans la production imprimée) et bibliothéconomiques (proposer une norme classificatoire et descriptive opératoire). S’y ajoute progressivement un dernier argument, utilitaire : avec l’ouverture d’un plus grand nombre de bibliothèques publiques, l’idée s’impose que le catalogue devrait être utilisé par le lecteur pour préparer depuis chez lui le travail qu’il aura à faire dans la bibliothèque. Si les représentations discursives et les correspondances savantes éclairent ainsi les pratiques qui participent à la production et à la circulation des catalogues, il semble qu’on ne puisse faire l’économie d’une réflexion bibliographique sur la question. D’un catalogue à l’autre, le tirage, le prix, les vecteurs de la commercialisation correspondent en effet à des manières différentes de penser le « public » du catalogue, qu’il soit lecteur ou non-lecteur, et les usages qu’il pourra en faire.